Sortir du Fossile et du Nucléaire
Le désastre de Fukushima a renouvelé l'opposition au tout nucléaire. On a déjà dit que la bonne approche pour adresser le problème de l'énergie était de faire feu de tout bois, mais sur ce site l'énergie nucléaire a été favorisée, dans les faits, car elle présente des avantages du point de vue des émissions de gaz à effet de serre, et que parmi les énergies qui ont cette caractéristique il semble que ce soit la seule crédible industriellement.
Les autres énergies candidates mobilisent beaucoup d'espace et sont coûteuses. Mais politiquement, il est possible de proposer un projet non optimal du point de vue des coûts et des conséquences sociales si c'est la volonté de la majorité.
Le but de cette page est de faire l'exercice de proposer une approche s'interdisant, à terme, l'usage du nucléaire et d'en examiner quelques conséquences. Le scénario Le scénario consiste à utiliser le plus possible les énergies renouvelables pour produire de l'électricité. Cette électricité serait utilisée pour tous les usages qui concernent les structures fixes et en partie pour la mobilité. Pour permettre une mobilité accrue on utiliserait une partie de cette électricité pour produire des carburants de synthèse.
Techniquement rien de tout cela n'est impossible, mais les ressources mobilisées et consommées seraient importantes. Il faudrait construire des infrastructures :
- Des éoliennes et du solaire thermique et photovoltaïque.
- Des STEPs.
- De l'électrification d'autoroutes.
- Des usines de production de carburants de synthèse qui comporterait les étapes de retrait du CO2 de l'air, d'électrolyse de l'eau, et enfin de synthèse du carburant proprement dite. Ces usines utiliseraient l'énergie électrique produite à partir des énergies renouvelables et disponible sur le réseau.
- Des véhicules électriques et hybrides. Ce ne sont pas réellement des infrastructures mais la mutation de l'industrie automobile que cela entraîne permet de l'assimiler à la construction d'infrastructure.
Tout cela a un coût et on peut dire que la contrepartie de cette approche, c'est la pérennité de la disponibilité de l'énergie sans les risques liés au nucléaire et en limitant les perturbations du climat.
Cette contrepartie n'est pas mesurable en terme de PIB et c'est pour cela que seule une décision politique peut l'imposer. En effet la mise en œuvre du scénario entraîne un prélèvement sans production supplémentaire puisqu'on remplace une énergie par une autre et une augmentation du coût d'un des facteurs essentiel de production. Les effets économiques de ce prélèvement et de cette augmentation de coût, pour justifiés qu'ils puissent paraître, sont à évaluer soigneusement.
On s'attachera d'abord à chiffrer grossièrement le scénario, puis on cherchera à imaginer quels pourraient être les effets économiques induit par le scénario.
L'évaluation des coûts
On veut faire une évaluation grossière et pour cela on va utiliser des éléments de calcul déjà effectués sur ce site pour d'autres raisons. L'idée est de remplacer les 54 tranches nucléaires existantes par des renouvelables et de construire l'infrastructure nécessaire pour produire le carburant dont on a besoin aujourd'hui. Comme tout cela ne peut pas se faire en un jour, on ne comptera pas le démantèlement des centrales nucléaires qui est provisionné en supposant que la production résiduelle d'électricité de ces centrales (au nouveau tarif) compensera largement l'éventuel défaut de provision.
On suppose aussi que les évolutions individuelles sont le résultat de l'évolution des prix de l'énergie c'est à dire qu'il n'est pas besoin par exemple de subventionner une transition du chauffage au fuel vers du chauffage à base de pompe à chaleur. On estime que si le prix relatif du fuel par rapport à l'électricité varie défavorablement dans un rapport 3 (par exemple) il ne sera pas nécessaire de créer des incitations pour que les consommateurs changent d'énergie.
En supposant que l'on utilise principalement de l'éolien pour produire l'électricité, on peut par une simple règle de trois déduire cette valeur, car dans le tableau, on voit que l'investissement est de l'ordre de 260 M€ pour une production de 200TWh.
Cette façon de produire mettrait le Baril de pétrole de synthèse aux environs de 360 $. Pour arriver à cette valeur on multiplie par 4 l'investissement initial et les coûts financiers dans le calcul du coût du baril de pétrole de synthèse car c'est le surinvestissement nécessaire pour remplacer l'énergie nucléaire par de l'énergie éolienne. L'impact sur l'économie Le tableau suivant présente les données de 2010 avec les deux dernières colonnes montrant le PIB par tête au taux de change officiel pour un prix du pétrole à 100$ le baril (soit grossièrement son prix actuel) et une estimation au cas où celui ci augmenterait à 360$ le baril. Il a été construit à partir de l'approche présentée dans la page utilité et impact économique du pétrole | PPP | Officiel | Population | PIB heure par tête | PIB $ par tête (100) | PIB $ par tête (360) |
Chine | 9854 | 5745 | 1330 | 3266 | 4320 | 2807 |
USA | 14720 | 14720 | 310 | 5715 | 47484 | 30089 |
Inde | 4046 | 1430 | 1173 | 3175 | 1219 | 635 |
Japon | 4338 | 5391 | 126 | 6016 | 42786 | 29895 |
Allemagne | 2951 | 3306 | 82 | 3175 | 40317 | 32790 |
France | 2160 | 2555 | 64 | 3810 | 39922 | 31432 |
UK | 2189 | 2259 | 62 | 5443 | 36435 | 26517 |
Monde | 74480 | 62270 | 6928 | 4396 | 8988 | 5757 |
L'impact est de 20 à 50 % de baisse de PIB suivant l'efficience énergétique des pays. Bien que ce tableau résulte d'une théorie économique particulière, faisant intervenir des "pétro-travailleurs", et qui est présentée dans la page en lien au début du paragraphe, on peut donner une explication qualitative plus traditionnelle:
La baisse de PIB qui est proposée résulte de l'effet récessif des prélèvements dus aux investissements et à l'augmentation des coûts de l'énergie. En effets ces prélèvements n'apportent pas de biens supplémentaires qui seraient une richesse à partager. Pour justifier d'une autre manière cette effet récessif lorsque le prix du pétrole augmente on peut signaler une étude faite sur le site de Jancovici qui fait apparaître une forte suspicion de corrélation entre : - le prix du baril en dollars constants,
- la faiblesse de la croissance de l'année qui suit,
- le taux de chômage 3 ans après (et PAS instantanément !).
On peut aussi faire le choix politique d'augmenter l'efficience énergétique de l'économie au fur et à mesure qu'on introduit les énergies renouvelables. C'est ce qu'on essaye de faire lorsque l'on impose des normes d'isolation pour les nouveaux bâtiments, cela deviendrait plus contraignant si c'était étendu à l'ancien. C'est aussi un des effets des limitations de vitesse par exemple.